Le dernier métro, au revoir là-haut

6 avril 2025

Quotidien

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Père et mère et fils. A nos amours.

Cette photo : père et mère, à nos amours. Au coin du banc, le papa la clope au bec. Bébé entre vous deux, maman entre ses mains, entrelaçant.

Ce 7 avril, tu aurais 81 printemps.

Le trajet s’est terminé sans le commencer sur les quais du Métropolitain, station Montparnasse-Bienvenüe, arrêt du wagon en trame de fond.

Un départ sans arrivée, un ticket pour l’espace, l’éternité. Tout le monde descend.  Tu partais pour dire adieu à ta mère, ma grand-mère, direction Lot-et-Garonne, enterrer ta daronne, ta maman. Un arrêt en plein «cœur» de Paris, tu n’as pas quitté la capitale, resté à quai pour de vrai, ton dernier Métro.

À l’aube de l’été sans fin je suis resté abandonné, famille décomposée, 2 décès en 3 jours, lourd à porter, un plein de vide. J’ai enterré mon daron et ma grand-mère coup sur coup. Le fils et la mère, de la terre au ciel.

Dans ton 2 pièces HLM, ton écrin de banlieue à Bagnolet, c’était ton pré-carré. Ton dernier étage, vue sur la cité 93. Escalier C.

Les grandes vacances

Tes voyages en bagnole, c’était ta farandole, ton air de jeu, ta liberté, de la Vendée au Marmandais, au pays des Montégut, une merveille sur les coteaux.

Ta conduite unique au volant, des occasions au-dessus de l’Argus, de la DS 21 à la 504, de la R16 à la Ford Taunus et j’en passe.

La voiture c’était ton dada, muni d’un seul bras costaud, tel un joueur de tennis qui frappe du gauche, tu passais les vitesses sans boite-auto.  Aventurier solitaire de la route, clope au bec, la cendre finissait souvent son chemin sur ta chemise de lin gris cendré.

Sans carrosserie pour te protéger, tu avais la peau trop fine. Un dimanche sur 2 c’était resto Chinois, le canard laqué brillait comme la rosée en pichet. Tu étais fier de tes 2 fils, les saltimbanques sans métiers, les intermittents du moment, tes enfants terribles. 

Il était un père, battre son cœur s’est arrêté. Ton dernier Printemps 98, ton dernier Métro à Paris, pas de changement à Châtelet Les Halles.

Ton rayon de soleil ne m’a jamais quitté, station Pyramides, la terre promise. Terminus, direction là-haut.

A l’âge de 54 ans, tu es monté dans le dernier métro de ta vie. Sur le quai je t’attends station Châtelet-Les-Halles, direction Château de Vincennes.

 

P. M

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Une réponse à “Le dernier métro, au revoir là-haut”

  1. Lebeuf Dit :

    Bjr pascal très beau récit de votre vie qui m’a beaucoup touché. La vie n’est pas tjrs comme cela, Mais quand nos racines montent dedans LE DERNIER MÉTRO sans billet de retour,une partie de nous s’en va aussi. En gardant les bons souvenirs,nôtre vie continue,des jours avec et des jours sans…….’NOS PARENTS NOUS MANQUERONS TJRS.GRAVÉS A JAMAIS DANS NOS CŒURS. MERÇI PASCAL

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